Quelles que soient les raisons qui peuvent vous y pousser, l’élevage de poules à la maison nécessite de s’y préparer un peu.
Pourquoi vouloir élever des poules chez soi ?
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, et les différents confinements, beaucoup de personnes ont décidé de se mettre à élever des poules. Les raisons peuvent être nombreuses. En voici quelques unes :
- Certaines personnes choisissent d’élever des poules pondeuses pour obtenir des oeufs frais tous les jours.
- D’autres le font pour avoir des poules de chair afin de pouvoir se nourrir et avoir des poulets.
- Pour d’autres encore, il s’agit de s’inscrire dans une démarche écologique ou permacole : ces animaux permettent de se débarrasser des déchets alimentaires en les nourrissant.
- Une dernière raison est d’avoir des poules comme animaux de compagnie. Certaines personnes apprécient leur présence, au même titre qu’un chien ou un chat.
Ces raisons d’élever des poules peuvent se cumuler et il est possible d’avoir un élevage de poules à la maison pour vous débarrasser de vos déchets, tout en collectant des oeufs.
Le bien-être et la santé des poules
La poule a une température corporelle de 42°C. Elle commence à avoir trop chaud à partir de 30°C et va commencer à évacuer la chaleur, par exemple en battant des ailes. A partir de 35°C, il commence à y avoir un danger de mort pour les plus faibles et les plus agées. Pour palier à ce soucis, il vous faut prévoir des zones d’ombres et plus fraîche.
Au contraire, elles ne craignent pas les températures négatives et supportent jusqu’à -10°C, sauf certaines espèces spécifiques. Le gel ne les dérangera pas, mais elles pourront avoir des engelures sur la crête si la température descend trop bas.
Dans votre aménagement, la présence d’une mare ou d’un étang peut être une bonne idée pour qu’elles puissent s’hydrater seules. Cependant, il faudra porter une attention particulière à l’étendue d’eau car les poules ne savent pas nager. Vous devrez ainsi prévoir une ou plusieurs sorties d’eau, comme des passerelles, afin qu’elles puissent ressortir de l’eau si elles venaient à y entrer.
Le régime alimentaire des poules
Si la surface de promenade de la poule est suffisante, elles récupèreront seules 80 à 90% de leurs besoins. Il faut s’assurer qu’elles aient à disposition suffisamment de grains (maïs, blé, seigle, tournesol, pois, sorgo, …). Une poule nourrie uniquement au grain aura besoin de 100g par jour. Au contraire, si elle a accès à d’autres sources de nourriture, il n’y aura besoin que de 10g par jour.
La hiérarchie au poulailler
La hiérarchie s’exprime fortement sur le manger, le dormir, les meilleures places.
Dans un groupe, les poules vont toujours rester à portée soit de vue, soit d’ouïe du groupe. Les poules du bas de la hiérarchie vont avoir tendance à se balader plus loin, seules, afin d’obtenir de la nourriture avant que les autres ne le voit et ne viennent se l’approprier.
Il convient donc de ne pas introduire une unique poule dans un groupe. Ce dernier se mettra immédiatement sur le dos de la dernière venue, et elle aura alors la place la plus basse dans la hiérarchie des poules.
Le poulailler
Le poulailler est l’endroit où le groupe va se mettre pour dormir. Il s’agit donc d’une des places les plus importantes.
Il conviendra donc d’effectuer un nettoyage du poulailler tous les jours ou les deux jours selon la taille du poulailler et le nombre de poules présentes dans celui-ci. Si vous le construisez de zéro, pensez à faire une chappe en ciment pour facilier le nettoyage. Si vous en achetez un, essayez d’avoir de la place pour tout le groupe, en pensant éventuellement à l’agrandissement du cheptel. Ce serait dommage de devoir reconstruire un poulailler au bout de quelques années seulement.
Dans le cas où vous avez un budget plus réduit, rien ne vous empêche de construire un poulailler maison. Dans ce cas, il faudra prévoir un perchoir à poules (voir prochaine partie), et des nichoirs dans lesquels les poules iront pondre.
Le perchoir à poules
Le perchoir est formé d’une barre sur lesquelles le troupeau va venir se percher au moment de dormir. Il doit avoir une taille adaptée au troupeau : il faut prévoir assez de place pour toutes vos poules. Si votre poulailler est petit, vous pouvez installer un perchoir à deux niveaux, ou plus. L’accès au perchoir se fait selon la hierarchie du troupeau : plus la poule ou le coq est important, plus il prendra la meilleure place. Il s’agit de celle qui n’est pas dans les courants d’air, ni trop chaud, ni trop froid, si possible en hauteur.
L’enclos à poules
L’enclos à poule est formé d’une clôture en maille épaisse d’une hauteur d’au moins deux mètres. Celle-ci a pour but de protéger vos oiseaux des prédateurs terrestres tels que le renard ou la fouine. Le bas de cette clôture sera doublé d’un maillage plus fin pour empêcher les rongeurs de s’introduire dans le poulailler. Le tour de la clôture devra être enterré pour qu’il n’y ait pas de trous creusé par les prédateurs. La mise en place de bûches, ou de troncs d’arbre le long de la clôture rempli le même rôle à l’intérieur, pour que vos poules ne creusent pas le long de l’enclos.
La taille recommandée de l’enclos est d’environ 10m² par poule, mais plus vous avez d’espace mieux c’est. Elles n’iront pas trop loin, même si vous leurs laissez des centaines de mètres carrés d’espace.
La volière à poules
Pour éviter une évasion, si vous en avez les moyens, il peut être de bon aloi de créer une volière à poule. Pour ce faire, il faut clore avec un grillage à poule le dessus de l’enclos. Cela a pour effet de prévenir également les attaques de la part d’oiseaux prédateurs tels que les buses ou les aigles.
Le préau à poules
Dans tout les cas, vous devrez ajouter un préau à poule pour plusieurs raisons. La première est d’avoir de la poussière sèche pour se nettoyer. Les poules se servent de la poussière pour s’essuyer et nettoyer leurs plumes. Il leur faut donc avoir accès à un endroit où de la poussière sèche est disponible pour faire ce nettoyage. Deuxièmement, le préau fournira de l’ombre pour les périodes les plus ensoleilées de l’année. Troisèmement et dernièrement, le préau fournira également un abri de la pluie. Les poules n’aiment pas forcément se retrouver mouillées. L’abri permettra à celle qui n’aime pas cet état de s’en prémunir.
La mangeoire et l’abreuvoir
La mangeoire à poules, et l’abreuvoir, peuvent être placé dans l’enclos ou le poulailler. Si vous les placez dans l’enclos, il faudra quand même veiller à avoir un point d’eau dans le poulailler pour passer la nuit. Il est quand même préférable d’éviter dans le poulailler si vous avez la place ailleurs pour séparer les espaces. Les poules mangent toute la journée.
Si vous placez la mangeoire trop loin, elles devront alors faire de nombreux allers et retours et risque d’abandonner le poulailler. La mangeoire à pédale est une bonne solution, notamment si vous avez des rongeurs à proximité de votre lieu d’installation.
L’infirmerie
Il peut arriver qu’un individu se blesse ou soit attaqué par ses congénères. Dans ce cas, il faudra le mettre à l’écart le temps des soins. L’infirmerie est donc un lieu, semblable au poulailler, mais prévu pour une unique poule, le temps de la récupération. L’infirmerie se doit d’être accessible facilement par l’éleveur afin qu’il puisse aisément effectuer les traitements nécessaires.
Les parcours extérieurs pour poules
Si vous avez de l’espace dans votre jardin, la mise en place d’un parcours extérieur pour poules leur permettra de s’épanouir en gambadant, tout en récupérant de la nourriture librement. Cela vous permettra de faire des économies sur les frais de nourriture et leur permettra de diversifier leur alimentation. La mise en place de buissons ou d’arbre à faible hauteur a pour but de faire des zones d’ombre et de fraîcheur pour les saisons les plus chaudes pour votre élevage de poules à la maison. Cependant, il faut faire attention à ce que ces arbres ne servent pas de perchoir aux prédateurs.
Parcours libre
Le parcours libre est le plus simple à mettre en oeuvre : il s’agit de laisser ses poules déambuler dans celui-ci. Il vous faut avoir un jardin assez grand, clôturé où vous n’avez pas de massif de fleurs ou de plant potager. En effet, vos poules vont aller pondre dans les massifs de fleurs, les dévaster ou se délecter des légumes qui poussent. Des arbres ou des arbustes permettent néanmoins d’avoir un peu d’ombre pour vos protégées.
Parcours semi-libre
Votre élevage de poules maison bénéficie d’un accès à un enclos à poules fermé, disponibles quand il le souhaite. L’éleveur leur mets alors à disposition l’accès au jardin lorsqu’il est présent uniquement.
Parcours fermé
C’est le choix le plus courant dans les poulaillers amateurs. Il s’agit d’avoir un enclos à poule fermé, dans lequel aucun animal, ni homme ne peut entrer ou sortir. Il protège bien des menaces extérieures, mais limite les intéractions poule/homme au strict minimum : le nettoyage, et le ramassage des oeufs.
Parcours mobile ou parcours nomade
C’est un concept qui se développe ces dernières années. Il s’agit d’un enclos à poules mobile. Tous les jours, l’éleveur le déplace légèrement afin que les volatiles puissent accéder à un nouvel endroit. Cette solution n’est, cependant, possible qu’avec un nombre de poules limité.
La poule au verger
La poule étant un animal de sous-bois à l’origine, elle s’accomodera parfaitement de vivre dans un verger. Elle mangeront alors les parasites des arbres fruitiers et fertiliseront le sol. Elle se nourriront des fruits perdus, car tombé au sol ou en cours de pourrissement. C’est une approche de la permaculture parmi les plus citées.
Les nuisibles dans l’élevage de poules maison
Souris et Rats
J’ai déjà abordé ce thème dans un article dédié, je vous invite à le lire : Mangeoire à poule anti-nuisible vs rats au poulailler
Poux rouge
Les poux rouge sont une espèce d’acariens. Ils font jusqu’à 1 mm de long, et se regroupent par grappe : Après s’être nourris, il vont se regrouper dans des crevasses ou des fissures puis se mettre à s’accoupler et à pondre. Ils sont dangereux dans un élevage de poules à la maison parce qu’ils sont vecteurs de transmission de maladies. Ils résistent à des températures comprises entre -20°C et 45°C, et survivrent durant des mois, même lorsque le poulailler reste vide.
Lorsque vous êtes concerné, il faut agir vite. Les attaques sont rapides : un poulailler peut être infesté en l’espace de quelques jours. Elles sont également discrètes : les poux rouge ne se voient pas sous le plumage. Il faut également prendre en compte que la chaleur aide à son développement.
Une attaque de poux rouges chez les poules cause des anémies à celles-ci et transmette certaines maladies entre vos volatiles. Un autre moyen de diagnostiquer l’infestation est de s’apercevoir d’une diminution de la ponte, ainsi que de la présence de tâches de sang sur les oeufs.
La prévention du pou rouge
Il existe plusieurs moyen de prévenir l’arrivée des poux rouge. Le fait d’isoler le perchoir du sol et des murs est un excellent moyen de le faire. les poux n’arriveront pas à atteindre les poules la nuit, moment où les attaques ont lieux.
Le lavage du poulailler doit être effectué régulièrement : jusqu’à tous les jours si vous êtes prédisposé aux attaques de poux rouge.
Vous pouvez également faire un traitement préventif à la terre de diatomée ou autre poussière de silice. Attention cependant, ces composés sont abrasifs et peuvent abimer les poumons de l’éleveur ou de l’élevage de poules à la maison. Il faudra alors se munir d’un masque et de faire le traitement en journée, quand les poules ont quitté le poulailler, et en bloquer l’accès pour qu’elles n’y retournent pas pendant quelques heures.
Les traitements anti-poux rouge
Lorsque vous vous apercevez que vous êtes atteint d’une invasion de poux rouges, la première chose à faire est de condamner le poulailler et héberger les poules ailleurs le temps d’effectuer le traitement. Celui-ci consiste à épandre de la terre de diatomée dans le poulailler, et sur tous les lieux où les poux rouge sont présents. Il conviendra de bien faire attention lors de l’épandage. Il est également possible d’épandre de la chaux à la place ou d’alterner avec la terre de diatomée.
Si l’infestation est trop importante, vous pouvez alors vous tourner vers votre vétérinaire qui vous orientera vers un insecticide anti-acarien.
Les poux broyeurs ou poux mallophages
Les poux broyeurs, encore appelés poux mallophages, sont semblable aux puces pour les chiens et chats. Lorsque votre élevage de poules à la maison est infecté, vous trouverez des lentes et poux qui se balade sur les poules. Cela ne doit pas vous inquiéter si les poules ont de quoi se nettoyer. Elles s’en débarasseront alors toutes seules. Il est aussi possible de voir qu’une poule nettoie une autre. C’est un comportement normal.
Les maladies, le préventif et le curatifs pour les poules
Le coryza de la poule
Les syndromes du coryza de la poule sont un peu les mêmes que ceux d’un bon rhume pour l’humain. La poule va éternuer, tousser, avec une respiration plutôt bruyante, avoir le nez qui coule, et éventuellement avoir les yeux larmoyants et gonflés, comme pour une conjonctivite.
Si l’oiseau est en bonne santé, il va s’en remettre seul en l’espace de 48h. Vous pouvez l’aider en faisant une tisane de thym, bien infusée et bien chaude. Vous la mettrez directement dans l’abreuvoir. Lorsque la tisane est froide, vous pouvez la laisser, les poules la boiront quand même.
Pour augmenter les défenses naturelles chez la poule, vous pouvez faire des tisanes de thym régulièrement préventivement.
Coccidiose chez la poule pondeuse
La coccidiose est une maladie courante chez les poules. Elle est causée par un parasite intestinal. Pour s’en débarrasser, ou en préventif, il faut provoquer une acidification des instestins. Pour cela, il suffit d’ajouter du vinaigre de cidre dans la boisson que vous donnez à votre élevage de poule dans votre maison. Si vous n’avez pas de vinaigre de cidre, vous pouvez le remplacer par du vinaigre blanc ou du jus de citron, qui fonctionne tout aussi bien. Il suffit d’ajouter une cuillère à soupe par litre d’eau. Cela soulage l’animal et aide les défenses naturelles à vaincre la maladie en acidifiant l’estomac et le milieu gastrique des poules.
La gale des pattes
Lorsqu’elle est touchée par la gale des pattes, un poule va voir les écailles de ses pattes se soulever et il y a formation d’une concrétion blanche. Il s’agit d’un parasite, avec les mâles qui vivent sur la peau et les femelles sous le derme où elles pondent. En l’absence de traitement, la poule risque de perdre sa patte au bout d’un an. Il n’y a cependant pas d’urgence, la maladie évolue plutôt lentement.
Le traitement consiste à badigeonner les traces avec de l’huile de cade tous les dix jours. Vous pouvez éventuellement alterner avec de la vaseline. Il risque d’y avoir une perte de peau, il ne faut pas tirer dessus et laisser tomber. Un sujet peut être réinfecté s’il est sensible.
Le ver solitaire des poules
Le ver solitaire des poules, comme tous les autres vers, se repère par une diminution du poids de votre poule, couplé à une apparition de diarrhée. L’élevage de poules maison apparaitra alors affaibli, et bien que mangeant plus, il perdra du poids et maigrira.
Le traitement passe par un traitement vétérinaire de vermifugation de la poule.
Fortifier les défenses naturelles des poules
Avant que votre élevage de poules n’en ait besoin, vous pouvez aussi appliquer ces quelques astuces afin de fortifier les défenses naturelles de vos poules. Ces quelques ingrédients, ajoutés à leur ration de nourriture, va vous aider à les garder en forme.
Une cure d’aïl tous les trimestres va fortifier vos poules. Pour cela, il conviendra d’hacher finement et d’ajouter une gousse d’aïl par poule pendant une dizaine de jours à la ration quotidienne.
Le pissenlit est également excellent pour nos poulettes. Il faut juste le broyer ou hacher grossièrement. Les poules en raffolent et ne poseront pas de problème pour en ingérer. Il aide à lutter contre les anémies, notamment en fer.
Le thym, que nous avons déjà abordé, aidera à combattre les infections bactériennes ainsi que le coryza.
L’ortie est la meilleure plante pour vos poules. Elle pousse tout naturellement au poulailler : elle aime l’azote et les fientes de nos poulettes en sont gorgées. Pour que nos protégées l’ingèrent, il faudra la cueillir fraîche et la hâcher immédiatement avant de la mélanger à la nourriture. Vous pouvez également la faire sécher et la transformer en poudre une fois bien sec. Vous pourrez ainsi l’ajouter toute l’année à l’alimentation de vos poules.
Une ortie dans le poulailler est un oeuf de plus dans le panier
Dicton célèbre
Enfin, si vous souhaitez booster un peu la ponte, vous pouvez ajouter à la ration de vos poules du pain et du vin. C’est une astuce de grand-mère tout comme la graine de lin. Cependant, ne pas chercher à obtenir trop d’oeufs. Il vaut mieux privilégier des poules en bonne santé, quitte à avoir un peu moins d’oeufs.
Voir aussi : le Rat fruitier